Jusqu’où ira la Russie ?

Conférence de l’Agora : Sergeï Jirnov était reçu le 4 novembre à la tribune de l’EDHEC Business School

Le métier d’espion, entre mythe et réalité :

Bien loin du fantasme colporté par l’industrie du cinéma, «L’espionnage c’est mortel, c’est chiant » déplore l’ancien membre du KGB. Cette désillusion, Sergeï Jirnov l’expérimente dès son entrée à l’institut du drapeau rouge du KGB en 1984, la même année qu’un certain Vladimir Poutine. Là-bas, il y apprend les fondamentaux du métier : la maîtrise approfondie des langues étrangères, le fonctionnement de l’économie internationale, les ressorts psychologiques des individus ou encore l’histoire de l’espionnage soviétique et mondial. Il y apprend aussi l’usage de la machine à écrire ce qui traduit le retard technologique déjà symptomatique des services de renseignement russes, le premier ordinateur personnel d’IBM étant déjà sorti depuis plus de 3 ans pour le grand public…

« L’espionnage, ce n’est pas seulement un métier, c’est un mode de vie »

L’ex agent du renseignement soviétique assure que pour les quelques 7,500 membres du KGB, le métier ne s’arrête pas lorsqu’ils franchissent la porte du bureau le soir : « Quand on devient espion, on l’est vingt-quatre heures sur vingt-quatre» explique-t-il. Malgré tout, le rôle de l’élite du KGB ressemble à celui d’un métier de bureau standard dont l’essentiel consiste à chercher des renseignements dans les archives. La seule différence? Le cloisonnement permettant de limiter la circulation de l’information entre les différents services du bureau.

La Russie, colosse aux pieds d’argile :

« Aujourd’hui, la Russie n’a plus aucune preuve de sa force »

Certes, les 5000 ogives nucléaires possédées par la Russie font de ce pays un pays dangereux, cela explique d’ailleurs pourquoi la menace atomique est si récurrente dans les discours du dirigeant Russe. « Il semble vouloir faire revenir cette arme dans notre réalité » regrette l’ancien espion. Cependant, il faut remettre ce chiffre en perspective : dans de nombreux pays le potentiel militaire a été diminué par 10 depuis 1970, marquant une véritable volonté globale de désarmement. En dehors de cet avantage, l’armée russe souffre encore et toujours d’un retard technologique et matériel important comme en témoigne l’utilisation de chars datant de 1962 dans la guerre contre l’Ukraine… Mais étonnement, là n’est pas encore sa plus grosse faiblesse.

En effet, le talon d’Achille de la Russie, c’est son économie explique l’ancien agent du KGB. La Russie ne représente que deux pourcent du PIB mondial et exporte surtout du gaz et des produits avec une faible valeur ajoutée. Cela traduit un déclin de la puissance industrielle Russe depuis la guerre froide, pendant laquelle l’ex URSS disposait d’un avantage certain dans le domaine spatial notamment. A cette morosité économique s’ajoute, selon Sergeï Jirnov, un rayonnement culturel international quasi inexistant et faisant pâle figure face au « soft power » américain.

Sergei Jirnov conclut sur le fait que Poutine n’a aucune chance de gagner la guerre déclenchée en février 2022, et que cette dernière rime surtout avec suicide politique de ce dernier.

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Actualités – La Croix