L’Agora rencontre Bernard Werber

Style d’écriture fantastique

Bernard Werber se veut être le précurseur de la science-fiction en France, tâche au demeurant difficile dans un pays où « il n’y a aucune culture fantastique ». Le style d’écriture peu conventionnel de M. Werber s’illustre majoritairement par la mise en scène d’animaux dans ses romans : Les fourmis, La planète des chats… Un choix que l’auteur justifie par une volonté de comprendre la condition humaine, il cite par ailleurs le mathématicien K. Gödel, affirmant que : « pour comprendre un système, il faut s’en extraire ».

C’est dans ce même esprit que M. Werber nous confie les secrets d’un bon roman. Celui-ci prône d’abord une action in medias res, une méthode classique selon laquelle la narration doit débuter sans longs prologues descriptifs. Il compare également son métier à « celui du magicien » et explique la nécessité de surprendre et étonner le lecteur, d’autant plus à l’heure où les Hommes tournent en rond dans un quotidien enfermé.

Regard sur le monde du cinéma et de l’édition

L’écrivain insiste sur le manque d’investissement des sociétés de production cinématographique lorsqu’il est question d’un scénario fantastique, il regrette par ailleurs « qu’on ait décidé qu’il ne fallait pas avoir d’imagination ». Utilisant sa formation de scénariste, il affirme que les deux types de films les plus explorés en France restent le drame psychologique et la comédie familiale. Son best-seller, lui, n’a jamais trouvé les financements pour être adapté au cinéma.

Mais il serait une erreur de penser que le monde de l’édition est marqué par la trahison entre auteurs et éditeurs, par la vénalité etc… M. Werber rappelle que, de toute évidence, les écrivains qui rapportent de l’argent sont sollicités à prix d’or, mais « il n’y a pas de mercato des écrivains » et les auteurs trahissent rarement leur éditeur. A titre d’exemple, Bernard Werber fréquente le même éditeur depuis trente ans.

Philosophie de l’égoïsme intelligent

C’est en fin d’interview que Bernard Werber nous fait part de sa philosophie de vie. Face à nos deux interviewers, l’auteur n’hésite pas à conseiller un « égoïsme intelligent » : se reconnaître comme une entité autonome qui n’existe pas uniquement à travers le regard de ses relations, mais aussi choisir son propre chemin en prenant des risques. Il ne faut pas avoir peur de ceux-ci, car malgré les éventuels reproches de notre entourage, ils ne seront pas source de regrets, et ce même en cas d’échec. Ainsi, M. Werber nous invite à « trouver qui nous sommes » afin de vivre pour ce qui nous plait, et non ce qui fait nécessairement plaisir aux autres.

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