L’Agora rencontre Guillaume Gallienne

Devenir comédien, l’Ecole du théâtre

C’est à dix-huit ans et suite au décès de sa cousine qu’un déclic se produit pour Guillaume Gallienne : il admet son envie de se consacrer plus sérieusement à sa passion : le théâtre. Pour lui, « Le théâtre cela s’apprend et l’école est le dernier endroit où l’on peut encore se tromper. » L’Ecole est avant tout un lieu de rencontres où les comédiens se construisent chacun à leur manière, au-delà du seul enseignement qui y est délivré. Il débute cet apprentissage au Cours Florent puis intègre le conservatoire.

En 1998, il entre à la Comédie française dont il deviendra sociétaire en 2005. Loin d’échapper à lui-même, monter sur les planches a été pour lui révélateur.

La Comédie française, une institution tremplin pour Guillaume Gallienne

Seule troupe permanente de France proposant une alternance dans sa programmation, de surcroît animée par l’envie de faire perdurer le système sociétaire, la Comédie française parvient à rendre économiquement viable la production d’œuvres incluant de nombreux personnages. En effet, l’institution dispose de quatre cents salariés et suite à un besoin de la troupe l’administrateur général peut engager des pensionnaires. Invitant les sociétaires à signer pour des contrats de dix ans minimum, cette institution théâtrale offre une grande sécurité à ses membres qui deviennent par là-même actionnaires de la société des comédiens français.

Le vécu du comédien, connaissance précieuse pour le réalisateur

C’est d’abord à la mise à nu de ses désirs qu’il s’est hasardé en plongeant dans diverses aventures théâtrales en tant qu’acteur, appréhendant la scène de l’intérieur. Le métier de comédien ne laisse pas place à l’à-peu-près et nécessite un engagement total à chaque représentation. C’est cette énergie véhiculée par la troupe qui permet à Guillaume Gallienne, lorsque l’envie de jouer ou de faire rire est absente, de continuer. Sa compréhension de l’univers théâtral et ses relations avec les metteurs en scène nourriront la réalisation de son œuvre autobiographique qui l’a fait connaître : Les Garçons et Guillaume, à table !  Guillaume Gallienne a réussi à réaliser une véritable mise en abyme du rapport « schizophrénique » qu’il entretient avec sa mère. Et, peu à peu incarner le rôle de sa mère est devenu une évidence. Demander à un acteur d’imiter sa mère aurait été « ingrat », cela aurait « annulé la force créatrice de l’acteur qui est sa raison d’être. » Conscient des moyens mis à sa disposition, l’acteur affirme en parlant de ce film à propos de son film que « Lorsqu’on a l’équivalent de 8 vies rapportées au montant du SMIC pour raconter la sienne, il n’est pas grave de dormir 4 heures par nuit ! ».

Amoureux des acteurs, il connaît leur vulnérabilité et sait déceler leurs envies. Dès lors, diriger rime parfois avec suggérer. S’il arrive au metteur en scène d’imposer de manière directe, il peut parfois adopter une stratégie différente. Il fait alors part aux acteurs de ses propres désirs de manière allusive et contribue donc à les alléger de « leur mission de faire ».  

Ecriture : Diane Denante

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