Les horizons de la puissance européenne

Conférence de l’Agora : Pascal Boniface était reçu le 29/01/24 à la Tribune étudiante de l’EDHEC Business School

La quête d’une véritable autonomie stratégique :

Avec les bouleversements géopolitiques et de remises en question des alliances traditionnelles, la question de l’autonomie stratégique de l’Europe est devenue un enjeu majeur.  Les propos du président français Emmanuel Macron concernant l’OTAN, qu’il juge en état de « mort cérébrale », ont mis en lumière les préoccupations croissantes concernant la dépendance de l’Europe vis-à-vis des États-Unis. Cette remise en question de l’alliance transatlantique s’inscrit dans un désir plus large de l’Europe de devenir un acteur plus indépendant sur la scène internationale. Cependant, il est important de reconnaître que cette autonomie n’est pas synonyme d’isolement total, mais plutôt une capacité à prendre des décisions stratégiques en fonction des intérêts européens, indépendamment des pressions extérieures. Comme l’explique bien Pascal Boniface, cette idée, naissant au moment du gaullo-mitterrandisme s’oppose à la dépendance et non à l’alliance : « nous sommes alliés des États-Unis, mais non alignés ».

La complexité des relations transatlantiques :

Dans un contexte marqué par l’instabilité politique et les tensions géopolitiques, l’Europe se retrouve confrontée à un défi délicat : maintenir des relations solides avec les États-Unis tout en affirmant sa propre voix sur la scène mondiale. En bref, l’Union Européenne veut-elle demeurer « l’adjoint du shérif américain contre la Chine ou bien devenir un pôle indépendant sur la scène géopolitique mondiale ? », questionne Pascal Boniface. Les récentes divergences d’opinions et les différends commerciaux ont mis en lumière les tensions sous-jacentes entre l’Europe et les États-Unis. Face à ces défis, le Vieux Continent doit chercher un équilibre entre le maintien de bonnes relations avec son allié transatlantique et la défense de ses intérêts et de ses valeurs. Cela nécessite un dialogue ouvert, un respect mutuel et une volonté de coopérer lorsque cela est possible, tout en affirmant sa souveraineté et son indépendance lorsque cela est nécessaire.

L’unité de l’Europe dans un monde fragmenté :

Alors que le monde devient de plus en plus multipolaire et fragmenté, l’Europe se retrouve souvent divisée sur des questions clés, telles que le conflit israélo-palestinien. Les divergences d’opinions entre les États membres sur des questions de politique étrangère et de sécurité limitent souvent la capacité de l’Europe à agir de manière unifiée sur la scène internationale. Par exemple, quand l’Espagne, fervent défenseur des principes du droit international, soutient la cause palestinienne, l’Allemagne, quant à elle, s’interdit la moindre critique envers Israël pour des raisons historiques évidentes. Les différences d’approche entre les pays de l’Est et de l’Ouest de l’Europe, ainsi que les intérêts nationaux divergents, entravent souvent la formulation d’une position commune de l’Union européenne sur des questions cruciales. Cela souligne l’importance d’une diplomatie européenne cohérente et d’une volonté politique commune pour surmonter les divisions internes et, à terme, faire avancer les intérêts collectifs de l’Europe sur la scène mondiale.

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Actualités – La Croix