L’Agora rencontre Bertrand Périer

Rencontre de l’Agora : Bertrand Périer était interrogé le 13/04 par la Tribune étudiante de l’EDHEC Business School.

Maître de l’éloquence

Bertrand Périer concède l’idée selon laquelle il est un « ancien grand timide ». Le premier moyen mis en œuvre afin de sortir de cet état est le parcours d’avocat que celui-ci a choisi. Tentant à plusieurs reprises les concours d’éloquence du barreau, il échoue de manière répétée avant de réussir : « À force de me voir ils en ont eu assez, donc ils ont fini par me faire gagner » conclut-il avec humour. Bertrand Périer met donc l’accent sur l’opiniâtreté et la persévérance en matière d’éloquence. Dans l’interview, ce premier conseil laisse rapidement sa place à un second : l’improvisation. L’avocat insiste sur la place de celle-ci dans les différentes prises de parole en public : « Les actions ne sont pas prévues à l’avance et se déroulent au gré de l’imagination ». Enfin, il regrette l’arrivée tardive du grand oral, épreuve du baccalauréat visant à améliorer la prise de parole des jeunes étudiants en Terminale.

Engagement éducatif

Outre son statut de professeur d’art oratoire à Science-Po Paris, Bertrand Périer est formateur au sein d’Éloquentia, un programme ayant pour objectif d’apprendre l’éloquence aux étudiants issues des quartiers sensibles de Seine-Saint-Denis. Il apprécie particulièrement cette opportunité de « confronter son enseignement à un public différent ». C’est d’ailleurs grâce à ce nouvel auditoire que Bertrand Périer a changé sa manière de concevoir la parole et de l’enseigner : autrefois adepte d’une parole à visée simplement esthétique, il prône désormais une parole franche et spontanée. « Je dois beaucoup aux élèves de Seine-Saint-Denis qui m’ont mis en danger » résume-t-il.

Conscient que « la manière dont on parle est un marqueur social extrêmement fort », il entend préparer la jeunesse à prendre la parole et ainsi aux entretiens d’embauche où l’on est « jugé(e) au bout de trente secondes ».

Regard sur le judiciaire

Maître Périer concède sans peine la tension qu’il existe aujourd’hui entre les magistrats, avocats, et ce malgré l’atmosphère apaisée de la cour de cassation et du conseil d’État. Une des causes de ce phénomène serait la « massification des procédures » qui ne donne aux acteurs que trop peu de temps pour des dialogues constructifs et calmes.

Il n’hésite pas à qualifier la « justice parallèle » des médias et réseaux sociaux de « gênante » car ces lieux ne sont pas conçus et élaborés pour rendre justice. Le véritable danger d’internet est qu’il entend rendre justice sans les garde-fous que la procédure peut offrir. Ainsi, les médias se passent de toute présomption d’innocence pour jeter la pierre à des personnes qui n’ont pas le droit de répondre.

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Actualités – La Croix