Le pari Gantzer : de l’ombre à la ville lumière

Le 08 janvier 2020, l’Agora recevait à sa tribune Gaspard Gantzer pour une conférence sur le thème : « Le Pari Gantzer, de l’ombre à la ville lumière. » Gantzer nous propose une lecture optimiste alternative du politique, précisée par son passé d’expert en communication politique, et incarnée par sa candidature à la mairie de Paris.

Un profil atypique

Diplômé de l’institut d’études politiques de Paris et de l’ENA, Gaspard Gantzer est un haut fonctionnaire et homme politique français. Après avoir été porte-parole du maire de Paris, Bertrand Delanoë, et avoir été conseiller en communication et presse de Laurent Fabius, alors ministre des affaires étrangères, François Hollande lui confia la direction de la communication de la présidence de la République en avril 2014. Moins d’un an après la création du mouvement « Parisiennes, Parisiens », il se présente désormais comme candidat à la mairie de Paris pour 2020.

Responsable de la communication lors du quinquennat de François Hollande

Amusé, Gantzer raconte une anecdote sur la réunion des ministres, censée rester secrète, dont un compte-rendu est systématiquement publié par certains médias : le Canard enchaîné en est le champion. À l’heure de la transparence, les fuites sont impossibles à contenir : le responsable de la communication doit s’adapter. Ainsi, à défaut de ne pas avoir le droit de d’exprimer d’opinions en sa qualité de responsable de la communication du Président, Gaspard Gantzer est le seul habilité pour être « un proche du président ».

« Je n’ai pas été assez bon, il était très difficile de trouver les bonnes clefs
pour gérer les nombreuses difficultés du quinquennat. »

En effet, la présidence Hollande a été parsemée de nombreuses erreurs. Humblement, Gantzer reconnaît la difficulté de la communication et ses erreurs. Mais le conseillé n’écoute pas toujours ses conseillers. Un Président ne devrait pas dire ça … de Gérard Davet et Fabrice Lhomme ne fut pas un grand succès, mais au contraire une catastrophe absolue pour l’ex-président, que Gantzer avait mis en garde. Le livre endommagea fortement sa crédibilité de Président, le faisant passer pour « bavard ». Impossible de ne pas se rappeler du livre de Valérie Trierweiler, Merci pour ce moment : décidément, François Hollande avait fait couler beaucoup d’encre. Pour Gantzer, ces livres révèlent le procès illégitime de ne pas incarner la présidence qui a souvent été intenté par la droite à la gauche. Comme pour François Hollande, ce fut aussi le cas pour François Mitterrand.

Il faut dire que le sort ne fut pas clément pour François Hollande, et par extension pour Gaspard Gantzer. Le quinquennat Hollande fut celui des records funestes : plus graves accidents routiers et aéronautiques, terrible vague d’attentats terroristes, interventions militaires au Mali (opérations Serval puis Barkhane) suivies par celles en Centrafrique (opération Sangaris). Sans oublier les scandales Cahuzac et Gayet ainsi que des échecs politiques majeurs comme le désaveu des municipales, le 49.3 pour la loi Macron et la défaite historique des départementales pour le PS. Et pourtant, si la critique est aisée, l’art est difficile : comment ne pas saluer, voire louer, la communication réussie suivant l’attentat terroriste de Charlie Hebdo, prélude d’une longue liste d’attentats : Hyper Cacher, Champs-Élysées, promenade des Anglais, Bataclan, assassinats de membres des forces de l’ordre … La transparence des informations, la grande pédagogie démontrée et l’organisation de la communion du peuple Français furent mûrement réfléchies, et finalement réussies. Comment organiser le deuil d’un peuple entier ? La tâche est, en effet, très loin d’être simple.

A l’assaut de la ville lumière

« Vous allez me dire, je dois être assez fou. C’est un boulot détesté par les Français, mal payé, présentant de l’insécurité pro et même parfois, les gens ont honte de vous. »

Gaspard Gantzer est un rêveur, et tant mieux. Alors qu’aujourd’hui l’homme politique lambda améliore à la marge, un parc par ici, un nouvel immeuble par-là, Gantzer estime que l’homme politique doit transformer les rêves des gens en projets puis transformer ces projets en réalités. Pour lui, la responsabilité d’un politique réside dans la concrétisation de l’espoir et de l’ambition de la population. C’est ce qui explique son projet, pour le moins ambitieux : destruction du périphérique ou encore la création d’une police municipale parisienne visant à soulager la charge de la police nationale déjà happée par la lutte contre le terrorisme. Le pouvoir semble peu l’intéressé : altruiste, c’est l’action collective qui le passionne.

À partir de ce constat, Gantzer est profondément convaincu par le fait qu’il faut changer la réalité de la ville. Les villes mondes européennes, Berlin ou Londres, sont des villes étendues qui respirent. À l’inverse, le rayonnement de Paris est limité par son périphérique : pour que la ville lumière l’apporte justement jusque dans ses plus profondes banlieues, le périphérique parisien se doit d’être détruit. Renouer la continuité territoriale est, et sera, le défi principal du futur maire de Paris pour la décennie 2020, et même les suivantes. Un défi que Gantzer est déterminé à relever.

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