Réinventer la presse sans inventer l’info

Lundi 9 décembre, L’Agora, tribune étudiante de l’EDHEC, a reçu Fabrice Fries, pour une conférence sur le thème « Réinventer la presse sans inventer l’info ». Avant de devenir président-directeur de l’Agence France-Presse en avril 2018, ce haut fonctionnaire a occupé des postes de direction au sein des groupes Publicis, Havas et Vivendi.

Une agence mondialement reconnue

Avec plus de 1700 journalistes répartis dans le monde, l’AFP bénéficie d’un réseau important. Des rares vidéos des étudiants d’Hong Kong fuyant les universités à l’aide de cordes, aux attentats du London Bridge, rien ne lui échappe. L’Agence est d’ailleurs la seule à avoir un siège en Corée du Nord. Face à Reuters et AP, elle se place comme la grande agence européenne.

Privilégier la qualité de l’information au buzz

Bouygues, Dupont de Ligones, Ferrand… Voici des noms d’affaires qui ont terni l’image de l’Agence. Mais comme l’explique le PDG de l’AFP, les organes de presse sont humains, et rares sont les erreurs à se glisser parmi les 5000 dépêches produites chaque jour. Il faut avant tout prendre le temps de vérifier l’information. Comme pour « le scoop de l’annonce de la fusion Renaud-PSA, qu’on avait avant tout le monde, qu’on n’a pas publié ».

Libre, même si financée à quarante pour cent par l’État

Fabrice Fries l’assure : depuis le début de son mandat, il n’a connu « aucune interférence politique ». L’exemple le plus probant est celui de la crise des Gilets Jaunes. Alors que l’AFP était accusée de prendre le parti du gouvernement, elle n’a pourtant pas hésité à réaliser un documentaire sur les violences policières commises lors des manifestations. De fait, seules les rédactions, en fonction des lois locales, décident du contenu publié. La rentabilité économique d’un événement n’est jamais prise en compte. La
preuve, l’AFP n’a même pas de comptabilité analytique.

Défiance et dangerosité : « la crise de la presse s’accélère »

« La carte de presse était une protection, c’est une cible maintenant ». Mais là n’est pas la seule menace pour les médias. Avec le numérique, les petites rédactions disparaissent. Paradoxalement, aux États-Unis, Facebook, pourtant responsable de cet état de fait, en vient à financer certains de ces petits journaux. En parallèle, un journalisme clandestin vient remplacer les médias traditionnels qui n’ont pas su s’implanter sur les réseaux sociaux. De quoi ébranler le monde médiatique, à l’heure où le président américain délaisse les conférences de presse pour Twitter, et où même les faits établis sont contestés par les politiques.

En réponse à cela, l’AFP a créé un bloc factuel en collaboration avec Facebook afin de lutter contre la propagation de fake news. Elle se protège aussi du piratage de contenu à l’aide de puissants programmes informatiques, d’ailleurs voués à prendre de plus en plus de place dans ce métier, même si seul l’humain est capable de déceler les nuances.

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Actualités – La Croix