L’Europe à l’épreuve de la crise

Mardi 8 novembre 2016, l’Agora recevait l’ancien président de la Banque Centrale Européenne, Jean-Claude Trichet. Après la plus grande crise financière depuis la Seconde Guerre Mondiale, l’Europe semble traverser une nouvelle période de troubles : en parallèle au Brexit, l’euroscepticisme reste grandissant dans de nombreux pays de l’Union. L’objectif de cette conférence était de tirer les leçons de la crise pour le présent et pour l’avenir de l’Europe.

Un retour sur la crise financière
L’ancien président de la BCE est revenu sur les étapes de la crise, en précisant que ce n’est qu’à partir de 2009 que son épicentre s’est déplacé dans la zone euro. C’est alors que démarre une nouvelle crise : celle « des signatures publiques », due à un scepticisme croissant vis à vis des Etats. C’est une intervention efficace et rapide de la BCE qui a permis de lutter contre l’instabilité. La Banque des banques a avancé des sommes monumentales afin de rester maitresse et garante de l’unicité de la zone euro. Elle a également demandé aux Etats de prendre des engagements forts en réaffirmant notamment l’importance du Pacte de stabilité et de croissance. Aujourd’hui, l’institution fédérale, avec Mario Draghi à sa tête, continue de prendre des mesures pour lutter contre la crise. « On a toujours la trace de la crise », et c’est la raison pour laquelle les taux sont considérablement bas aujourd’hui.

Origine et effets de l’euroscepticisme
Pour l’invité de l’Agora, ce sentiment serait lié à une grande frustration qui touche les populations de l’ensemble des pays avancés. La concurrence des pays émergents fait pression sur les « travailleurs du bas de l’échelle » ayant pour conséquence la montée du populisme et du nationalisme. Aux Etats-Unis, cela s’exprime par l’élection de Donald Trump, au Royaume-Uni par le Brexit, et en Italie par la volonté du Premier ministre de lancer un référendum sur le maintien du pays dans l’Union. Cependant, Jean-Claude Trichet indique que cette absence de confiance se manifeste plus fortement envers les dirigeants nationaux qu’envers les dirigeants européens.
Il rappelle aussi une autre origine au sentiment eurosceptique : les gouvernements, mais également certains économistes, qui accusent l’Europe d’être « une organisation tellement audacieuse » qu’elle devrait s’auto-démanteler.

Les enjeux du Brexit
Le Brexit est bien la manifestation de la frustration d’une partie du peuple britannique, mais c’est également l’expression d’un autre phénomène : Jean-Claude Trichet estime que le Royaume-Uni ne faisait pas partie de l’Europe pour son projet politico-historique, mais plutôt pour son intérêt commercial. Néanmoins, malgré une sortie du Royaume-Uni, le ciment historique est toujours présent sur le continent, selon l’ancien président de la BCE.

Les élections présidentielles françaises
Jean-Claude Trichet refuse d’entrer dans un débat politique, il revient cependant sur le fait que les programmes économiques doivent prendre en considération les problèmes de compétitivité coût et de gestion des dépenses publiques du pays. Il précise qu’une grande partie du chômage de masse et des jeunes français pourrait être lié à la non prise en compte de ces deux questions majeures.

Categories:

Tags:

Comments are closed

Actualités – La Croix