Clinton/Trump : les symptômes d’une démocratie américaine « malade » ?

Le lundi 24 Octobre, l’Agora avait le plaisir de recevoir à sa tribune étudiante Soufian Alsabbagh et André Kaspi, deux spécialistes politiques des Etats-Unis. Soufian Alsabbagh a ouvert cette conférence avec une présentation du système électoral américain permettant ainsi au public de comprendre les particularités de cette élection.

Une élection basée sur le choix de 538 américains

Qui choisir ? Hillary Clinton ou Donald Trump ? En réalité, ce choix n’appartient pas directement aux citoyens américains mais à un collège électoral de 538 grands électeurs.
Comme aime le rappeler Soufian Alsabbagh, chaque campagne présidentielle est conditionnée par une seule et même question : « Comment obtenir les voix de 270 grands électeurs ? ».
La stratégie des candidats doit alors composer avec différents paramètres dont celui des « walls » : le « Blue Wall » pour les Démocrates et le « Red Wall » pour les Républicains. Ces derniers correspondent à un ensemble d’Etats qui ne basculent jamais au fil des élections et qui assurent à chaque candidat un certain nombre de grands électeurs. Ce sont donc de grands Etats « indécis » ou Swing States qui déterminent l’issue de l’élection. A titre d’exemple, si Hilary Clinton, forte de son « Blue Wall » ( 242 grands électeurs) parvient à remporter la Floride, Etat pivot par excellence (29 grands électeurs, elle gagnerait immédiatement la course à la Maison Blanche (271 voix).

Depuis le début de sa campagne, Donald Trump a pour ambition de détruire le « Blue Wall » démocrate. Il vise plus particulièrement le Mid-West en voulant convaincre les démocrates blancs, les cols blancs ou bleus de voter pour lui. A l’inverse, Hillary Clinton, en bonne position dans les sondages, souhaite asseoir son électorat. L’ancienne secrétaire d’Etat se rend désormais dans des Etats qui ne lui sont pas acquis et tente de les convaincre de sa candidature, usant de soutiens populaires tels que Michelle Obama ou Bernie Sanders, et de moyens financiers importants.

La démocratie américaine souffre-t-elle de ses propres dysfonctionnements ?

Pour André Kaspi, la démocratie américaine est malade. Il relève l’impopularité des deux candidats et précise le rôle des médias dans cette élection. Il évoque notamment ses lectures du « New-York Times » qui, des semaines durant, n’a cessé d’attaquer Donald Trump. Il explique alors au public que cette critique permanente envers le candidat républicain a en réalité renforcé sa popularité et sa présence sur la scène médiatique. L’historien a admis regretter la vanité des débats et leur focalisation sur la question de l’immigration qui, d’après lui, divisent « l’Amérique en deux amériques ». Soufian Alsabbagh confirme également le manque de sérieux des débats, au cours desquels la politique étrangère, l’éducation ou encore la santé ne sont que très rarement évoqués. André Kaspi a clôturé cette conférence en confiant au public : « Je ne peux pas vous prédire l’avenir puisqu’en tant qu’historien, je ne prévois que le passé ».
Résultat le 8 Novembre prochain.

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Actualités – La Croix