L’Agora rencontre Hubert Védrine

Diplomate, ancien ministre des Affaires Étrangères dans le gouvernement Jospin et ancien secrétaire général à la présidence de la République de François Mitterrand : L’Agora a eu le plaisir d’interviewer une des voix les plus écoutées du monde diplomatique et politique.

Le parcours atypique d’Hubert Védrine est naturellement apparu comme un premier sujet de conversation. Être ministre pendant la cohabitation signifiait-il être témoin de confrontations idéologiques ? Pas nécessairement pour le diplomate, qui explique qu’en matière de politiques étrangères, les désaccords sont paradoxalement souvent plus importants au sein d’une même formation politique qu’entre les différents partis. Cependant, rester cinq ans à la tête du Quai d’Orsay implique effectivement d’avoir été confronté à des affaires sensibles et celle du Kosovo reste pour lui une des plus marquantes : après 18 mois de négociations politiques infructueuses avec les décideurs kosovars, une intervention militaire semblait inéluctable.

Concernant l’actualité, son expérience diplomatique fût l’occasion d’analyser ensemble les enjeux et forces en présence. Questionné sur une possible victoire de Joe Biden lors des prochaines élections américaines, Hubert Védrine estime que cela représenterait, certes, un soulagement pour les Européens mais qu’en dépit d’un changement de ton, la position américaine vis-à-vis de la montée en puissance de la Chine resterait vraisemblablement similaire. L’actualité, c’est aussi les 2 explosions meurtrières dans le port de Beyrouth qui ont bouleversé la communauté internationale. En ce qui concerne la France, l’ancien ministre salue l’intervention du Président de la République qui, tout en honorant nos liens historiques, n’a pas hésité à « mettre les pieds dans le plat » en dénonçant les dangers liés à l’immobilisme du système politique libanais.

Enfin, nous sommes revenus sur son dernier livre « Et après ? » qui traite du monde post-Covid et dans lequel il propose différentes pistes de réformes afin de tirer les leçons de cette crise. Outre le fait de recréer un ministère de la Santé Publique, la nécessité d’un redressement industriel ou encore la volonté d’une meilleure prise en compte du long-terme dans les décisions publiques, l’ancien ministre préfère insister sur un autre point essentiel : le processus d’écologisation. Sans détour, il nous met en garde : « faites les bons choix » en rappelant que la recherche de solutions écologiques dans les différents domaines d’activité est amenée à devenir plus importante encore que les questions diplomatiques et devrait en ce sens « faire partie des références de base de tout étudiant aujourd’hui ».

Ecriture : Corentin Godard

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Actualités – La Croix