Mediapart : le pouvoir de la révélation

Le 16 janvier dernier, l’Agora recevait Fabrice Arfi à sa tribune pour une conférence sur le thème “Mediapart : le pouvoir de la révélation”, au cours de laquelle il nous a exposé les ficelles de son métier ainsi que les menaces qui compromettent son avenir.

L’essence de la profession de journaliste selon Fabrice Arfi, c’est l’assemblage des pièces d’un puzzle qui, une fois bien imbriquées, portent à la connaissance de la société l’information, une vérité que chacun est en droit de réclamer dans un régime démocratique. Mais “ce qui fait la qualité d’un journaliste ne s’apprend pas à l’école”, ajoute-t-il. Ce sont en effet la curiosité, l’humilité et la pugnacité qui ont permis au jeune Arfi, tout juste titulaire du baccalauréat, d’investir le monde de la presse.

Au sein de Mediapart, son poste à la tête du pôle Enquêtes lui permet de prendre du temps pour perdre du temps. Lorsqu’on lui demande comment il parvient à se lancer sur la piste d’une nouvelle affaire, il évoque comme exemple l’intuition qui l’a conduit à découvrir les faits de fraude fiscale de Jérôme Cahuzac : “L’affaire Cahuzac, c’est la démonstration que parfois, le propre du journalisme, c’est d’avoir l’esprit mal tourné”. Des affinités entre l’ancien ministre du budget et Éric Woerth, lui-même impliqué ou soupçonné dans plusieurs affaires, lui avaient mis la puce à l’oreille. “L’invraisemblable est parfois vrai”, phrase qu’il énonce comme une devise, l’avait incité à poursuivre ses recherches.

Au détour d’une réponse, Fabrice Arfi souligne également la réussite du modèle économique participatif de Mediapart, que beaucoup discréditaient à son lancement. Il loue l’indépendance du journal participatif, qu’aucune publicité ou subvention étatique ne peut acheter. Avec ses révélations, Mediapart disribue des électrochocs qui ont pour but d’aider l’opinion publique à mieux orienter ses choix électoraux. Pourtant, se lamente Arfi, à l’ère d’internet, la post-vérité fait loi. La vérité perd son caractère absolu pour ne devenir qu’une opinion parmi d’autres “faits alternatifs”, et devient un outil permettant aux leaders politiques tels que Donald Trump d’orienter les débats. La méfiance et la haine à l’égard des journalistes s’intensifient de jour en jour, venant fragiliser la presse dont le rôle demeure de faire société, là où les réseaux sociaux entretiennent le communautarisme.

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Actualités – La Croix