LA CATALOGNE INDEPENDANTE : A QUEL PRIX ?

 

Le 9 novembre 2014 a été un tournant décisif pour la Catalogne : par le biais d’une consultation publique, jugée illégale par le gouvernement central, la région officialise sa volonté de devenir indépendante. A l’origine de cette consultation était un homme, Artur Mas, ancien président de la Generalitat de Catalogne. L’Agora a eu la chance de l’accueillir à sa tribune le 10 avril dernier, afin de traiter du sujet de la quête d’indépendance catalane, défi d’envergure nationale comme européenne.

L’indépendance est-elle une quête légitime ?

La consultation d’Artur Mas a été relayée par le référendum du 1er octobre 2017 organisé par son successeur, Carles Puigdemont. Si celui-ci s’est soldé d’une victoire à 90%, seul 43% de la population catalane a participé à ce referendum. Comment considérer cette quête comme légitime lorsqu’à peine la moitié de la population se déclare en faveur de l’indépendance ? Artur Mas déclare qu’il ne faut pas seulement regarder les chiffres de la consultation et du referendum mais bien plutôt ceux des dernières élections régionales : les élections de 2015 ont eu 75% de participation, et celles du 21 décembre 2017, 80%. Le résultat fut le même dans les deux cas : une victoire des indépendantistes à la majorité absolue au parlement. Malgré tout, il est conscient qu’une partie de la population reste opposée à l’indépendance. La seule issue possible serait alors de relancer le dialogue, non seulement avec les catalans, mais surtout avec le gouvernement espagnol, qui semble pour le moment « dénier la réalité » et bloquer toute discussion.

 

« Le défi catalan est devenu un enjeu européen. »

Si le dialogue entre la Catalogne et l’Espagne semble rompu, Artur Mas souhaiterait une plus grande implication de l’Union Européenne, qui devrait avoir un rôle de médiateur et de collaborateur dans les négociations. La Catalogne reste une des régions les plus dynamiques de l’Union Européenne : avec 16% de la population espagnole et 21% du PIB national, elle est l’une des principales zones d’échanges en Europe. C’est pourquoi l’Union Européenne se doit de considérer la question, en sachant qu’aucun texte ou loi ne répond à cette problématique catalane.

Jordi Sanchez, futur leader catalan ?

Mais alors, comment imaginer le futur de la Catalogne ? Aujourd’hui, les principaux leaders catalans sont incarcérés pour rébellion ou réfugiés à l’étranger, le dialogue avec le gouvernement central est rompu, et la population catalane est divisée. Pour autant, Artur Mas croit encore en cette lutte. S’il voit Carles Puigdemont comme le « candidat naturel » pour la présidence de la Catalogne, il est conscient que celui-ci ne peut pas retourner en Espagne, et a décidé de soutenir Jordi Sanchez, numéro 2 du parti Junts per Catalunya, pour prendre le relai de cette quête d’indépendance.

 

Finalement, Artur Mas déclare que l’indépendance catalane n’est pas dû à un égoïsme ou un repli identitaire, « la Catalogne est imprégnée d’une solidarité, à la fois espagnole et européenne ».

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Actualités – La Croix