Terrorisme, Moyen-Orient, Islamisme : des questions et beaucoup de réponses avec Georges Malbrunot.

Ce mardi 29 mars, L’Agora, tribune étudiante de l’EDHEC, recevait le journaliste et ex-otage pour une conférence sur le thème : « Le Moyen-Orient : poudrière de la géopolitique mondiale ». Une semaine après les attentats de Bruxelles, cette rencontre a été l’occasion de revenir sur les séismes qui frappent cette région et dont les secousses se font ressentir en Europe.

 La France est-elle en guerre ?

Un ennemi sans visage, un cessez-le-feu impossible à envisager : de son propre aveu, Georges Malbrunot considère le concept de « guerre contre le terrorisme » peu pertinent. Galvaudée par la classe politique et les médias, cette expression reflète une situation inédite face à laquelle les puissances occidentales se trouvent partiellement démunies. A la question : les attentats revendiqués par Daesh à Paris et Bruxelles sont-ils en représailles des bombardements de la coalition internationale en Syrie ? Georges Malbrunot répond par la positive. Mais ces derniers sont aussi le symbole plus global d’un rejet du modèle capitaliste.

Pour autant, les pays occidentaux ont-ils une part de responsabilité dans cette situation ? Pour Georges Malbrunot, une chose est sure : lors du printemps 2011, gagnée par un « romantisme révolutionnaire », la France a manqué de lucidité. En saluant la ferveur d’un peuple se soulevant contre la tyrannie, elle a manqué d’estimer à sa juste mesure la puissance de répression du régime de Bachar el-Assad. En cédant à l’appel de l’émotion plus qu’à celui de la raison, la diplomatie et la presse hexagonales ont failli à leurs responsabilités.

 La question syrienne

 Depuis 2011, le conflit en Syrie a fait plus de 270 000 victimes.  Ce bilan est en grande partie l’œuvre de la répression sanglante du régime de Bachar el-Assad contre les rebelles. Mais cette équation a très vite vu l’apparition d’une nouvelle variable : l’organisation armée terroriste islamique Daesh.  Cette dernière a proclamé en juin 2014 l’instauration d’un califat sur une grande partie du territoire syrien.

Dans son papier « Mali-Syrie : nouvelles terres du Djihad pour les Français » paru en 2012 dans le Figaro, Georges Malbrunot avait d’ores et déjà compris quelle tournure allait prendre la révolution syrienne : le rêve de liberté d’un peuple allait bientôt se transformer en un cauchemar mondial du nom de Daesh. Le journaliste a d’ailleurs expliqué que c’est après l’intervention américaine en Irak et la chute de Saddam Hussein en 2003 que les officiers déchus du parti Baas sont venus resserrer les rangs de l’organisation terroriste et en ont fait ce qu’elle est aujourd’hui.

 Le témoignage d’un ex-otage

 Georges Malbrunot a, par ailleurs, eu l’occasion de revenir sur ses 124 jours de détention en 2004 entre les mains de l’Armée Islamique en Irak. Avec la lucidité qui le caractérise, le journaliste a évoqué ses conditions de détention difficiles et l’angoisse qui l’a étreint chaque jour de sa captivité. Au terme de son témoignage, il a, à la surprise de tous, dénoncé la surmédiatisation des prises d’otages en France : loin de servir la cause des captifs, elle augmente « la valeur » des otages et fait une « merveilleuse » publicité aux ravisseurs. Et c’est non sans humour que, pour conclure, le journaliste a déclaré : « Au Moyen-Orient, quatre mois dans une cage c’est somme toute très banal, presque un passage obligé ».

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